Fabrice Eboué et le Jamel Comédy Club à Montreux au Festival du rire
La joyeuse bande du Jamel Comedy Club débarque en décembre sur la scène du Festival du rire de Montreux. Ils seront accompagnés par leur mentor. Ils nous en parlent. Interviews
Karine Vouillamoz - 24/11/2007 Le Matin Dimanche
Ils s'appellent Thomas, Amelle, Dedo, Patson ou Fabrice... Ils font partie de la bande la plus drôle du moment: le Jamel Comedy Club. Leur point commun? Tous sont adeptes du stand up. Pour chacun, le schéma est le même: une scène vide, un micro, de la tchatche et surtout, un public auquel ils s'adressent directement.
Si cette troupe cartonne actuellement, c'est grâce à Jamel. L'humoriste préféré des Français a mis sa réussite et son image au service de leurs jeunes talents. En véritable maître de cérémonie, il les présente un à un, les soutient ou les tance. «Jamel, c'est un grand frère, un mentor», souligne Thomas N'Gijol, le nonchalant de l'équipe, dont l'humour raffiné se déguste également hors scène, sur le plateau du «Grand Journal» sur Canal Plus.
La plupart des membres de la troupe avaient déjà des années de métier, dans l'humour, la comédie ou le théâtre. D'autres s'y sont mis sur le tard. Grâce à Jamel, le talent de ces lanceurs de scuds verbaux est mis en lumière.
Vus à la télé!D'ailleurs, la télévision n'a pas hésité à leur faire les yeux doux, à l'instar de Fabrice Eboué, vanneur aux côtés de Marc-Olivier Fogiel dans «On ne peut pas plaire à tout le monde». Fabrice Eboué précise d'ailleurs les qualités de Jamel: «Il est d'abord mon producteur mais, surtout, il met sa notoriété en jeu pour le Comedy Club. J'ai découvert ses spectacles en faisant ses premières parties. C'est un vrai exemple de réussite dans le one-man-show.»
Dedo, lui, est le «hardeux» de la troupe. C'est vrai qu'il peut détonner avec sa longue chevelure et ses habits noirs, mais il en a fait sa force. «Jamel a une énergie folle. Il tend la main à de nouveaux talents. Grâce à ce vecteur de visibilité, on essaie de faire notre trou. Et surtout, on peut prouver aux gens qu'on a vraiment envie de faire du spectacle et qu'on n'est pas là par hasard.»
«Un ami de la famille»Parmi les trois filles présentes, il y a Amelle Chahbi, observatrice aiguisée de son époque. «Je suis la seule de la troupe à connaître Jamel depuis longtemps», nous explique-t-elle. «C'est un ami de la famille. Il savait que je voulais être comédienne, il m'a surveillé d'un oeil pendant longtemps, m'a donné beaucoup de conseils en amont. Il m'a testée sur l'une de ses premières parties et à la fin de la représentation, il m'a fait une révérence en me souhaitant la bienvenue dans le Comedy Club.»
Bien sûr, il y a les autres, Patson, Blanche, Noom, Yacine, Wahid, Claudia ou Frédéric. Ils ont tous le même souci: sortir la vanne qui déclenchera le plus de rires. Avec Jamel comme mentor, le pari semble moins risqué. Pour vérifier leur drôlerie, il n'y a qu'une seule possibilité: courir applaudir le Jamel Comedy Club!
Fabrice Eboué
Qui êtes-vous?Je suis un jeune homme de 30 ans qui a commencé la scène il y a neuf ans. J'ai fait le parcours classique puis j'ai été repéré par le bras droit de Jamel il y a deux ans.
Pourquoi Jamel vous a-t-il choisi?Jamel a cherché d'abord des gens qui faisaient du stand up et mon style se rapprochait de la chose.
Il recherchait un groupe assez hétérogène, complet, humainement comme artistiquement.
Comment avez-vous atterri dans l'émission de Marc-Olivier Fogiel?Quand on fait du one-man-show, on est obligé de faire de la télévision. Pour moi ce n'est pas une fin en soi, c'est un moyen de me faire connaître. J'ai proposé mes services à Fogiel. Au début, j'y suis allé à tâtons. Cette année, je suis plutôt content.
Quelle est votre «fin en soi»?Ce qui est dommage dans notre métier, c'est que, médiatiquement, on n'existe qu'à travers la télé. Elle est trop puissante pour que ce soit autrement. Le paradoxe, c'est qu'il y a des gens de télé qui se prétendent comiques et qui viennent à la scène. Plein de comiques n'ont pas la chance d'avoir le réseau pour être à la télé alors qu'ils sont beaucoup plus talentueux. J'ai fait le chemin inverse. J'espère que la télé va être un accélérateur pour remplir mes salles. Dès que j'ai une médiatisation suffisante, j'arrêterai la télé totalement.
Amelle Chahbi
Qui êtes-vous?Je suis une femme de 27 ans, humoriste, comédienne, qui raconte des choses de femmes sur scène. Toutes les femmes s'y retrouvent et les hommes aussi. Depuis que je suis petite, j'ai envie de monter sur scène et j'ai réalisé mon rêve.
Pourquoi y a-t-il si peu de femmes dans la bande?Ce n'est pas faute de vouloir des filles. Il n'y en a pas, sinon, il y en aurait plus. Mais elles sont plus frileuses. Et je ne sais pas qui a lancé la rumeur, il y a très longtemps, comme quoi une femme, ce n'est pas marrant. C'est resté dans la tête des hommes. Mon plus grand plaisir, c'est quand il y a un groupe de mecs qui est installé en salle.
Je vois dans leurs yeux dès que j'arrive sur scène qu'ils ont un a priori. Ils doivent se dire qu'il y a cinq minutes de pause. Dès que j'arrive à les attraper et qu'ils sont morts de rire, je suis contente.
Et s'il n'y avait pas eu le «Jamel Comedy Club»?Je serais encore à courir les castings. Je ferais en sorte de faire mon métier de comédienne. Avant le «Jamel», on me proposait des douzièmes rôles et aujourd'hui, des premiers et seconds rôles. Grâce au «Jamel», on nous a vus. C'est énorme, ça.
Dedo
Qui êtes-vous?Je suis le représentant de la masse capillaire de la troupe. Je suis dans un univers un peu acide par rapport à certains autres de cette troupe.
Pourquoi Jamel vous a-t-il choisi plutôt qu'un autre?Parce que je suis très talentueux! Non, pas du tout, c'est parce qu'il nous a vus sur une scène ouverte. Il a décelé du potentiel en chacun de nous.
Sans le «Jamel Comedy Club», que feriez-vous aujourd'hui?Je pense que je continuerais à faire le tour des scènes ouvertes à Paris, à me bagarrer pour être comédien. J'ai joué dans des salles à Paris devant 3 ou 4 personnes dont la plupart étaient endormies ou sous l'emprise d'alcool fort...
Quel a été votre pire bide?J'ai fait la première partie de Jamel en mars de l'an dernier. Les techniciens m'avaient dit que tout allait bien se passer. Au moment où j'ai posé le pied sur scène, je me suis fait insulter par 800 personnes pendant dix minutes. Le public avait longuement attendu Jamel et, quand ils ont vu débarquer une sorte de métalleux, ils ont clairement dit non... avec des mots plus fleuris que les miens. Je me suis fait démonter, descendre. J'ai fait mon passage dans un brouhaha total sans entendre ce que je disais dans les retours tellement ça gueulait. Mais je n'ai pas baissé le regard. Vous devriez essayer! Se faire insulter par 800 personnes, c'est une expérience!
Thomas N'Gijol
Qui êtes-vous?Euh... grand, drôle et cynique peut-être.
Pourquoi Jamel vous a-t-il choisi, vous?Il n'a pas choisi que moi. Il faut que toutes les parties soient d'accord pour avancer ensemble. Au moment du projet, j'étais sur le terrain, je faisais du théâtre depuis longtemps. Il avait entendu parler de moi à gauche à droite et puis voilà, ça s'est fait naturellement.
Quel est votre dernier bide?En fin de semaine dernière, je ne me suis pas trouvé bon. Le public a dû déceler que je n'étais pas au mieux de ma forme. Mais des gros bides, je n'en ai pas eu récemment, alors tant mieux.
Qu'est-ce qui vous fait rire?Il y a beaucoup de souffrances qui me font rire. Moi, je ris de mes souffrances. Les plus gros rires viennent de là. Si on arrive à tourner quelque chose de grave et lui donner un aspect comique, c'est plus gratifiant.
Sans Jamel, où seriez-vous aujourd'hui?Je ferais encore du théâtre, je me serais démerdé autrement. J'aurais été instit. J'ai travaillé cinq ans dans une école comme aide-éducateur. J'avais le choix entre les deux. J'ai choisi la comédie. Aujourd'hui, merci, je ne le regrette pas.
À VOIR :
Jamel et le Jamel Comedy Club seront au Casino de Montreux le 5 décembre dès 20h30.
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