mercredi 19 septembre 2007

On ne pouvait pas le rater : 20 septembre 2007

Ce jeudi 20 septembre, Max Guazzini est l'invité de Marc-Olivier Fogiel. En pleine Coupe du Monde de Rugby, le Président du Stade Français vient pour faire un point sur le parcours des Français, ainsi que pour présenter le nouvel opus du calendrier "Dieux du Stade".

Article "Les joueurs ne pensent pas qu'à la thune" tiré du site MetroFrance.com :

On ne présente plus Max Guazzini. L’homme qui a réinventé le Stade Français – 6 boucliers de Brennus depuis 1998 - et bouleversé les habitudes du rugby amateurs en le faisant passer du « terroir » à l’ère du spectacle et des paillettes. Ses méthodes dérangent ou enthousiasment, c’est selon, mais tout le monde est d’accord au moins sur un point : il ne laisse personne indifférent. Après dix jours de compétition, le grand Max nous livre ses sentiments sur le Mondial français et l’évolution de son sport.

Le président de club que vous êtes peut-il suivre la compétition sans trembler en pensant à des blessure de ses joueurs ?
C’est le lot de tous les dirigeants pendant les rencontres internationales. Dans le feu de l’action, on l’oublie. Ca fait partie des règles du jeu. On les connaît. Nous on a 13 joueurs qui disputent le Mondial. On espère bien sûr qu’ils reviennent en bon état physique et moral.

Au final, cet événement a-t-il un impact sur les résultats du club ensuite dans la saison ?
Non, on a l’habitude. Moi en tant que président dans l’élite, j’ai déjà vécu deux Coupes du monde (1999 et 2003). A chaque fois on a eu de la chance car dans la foulée on a été sacré champion de France. Cette année, cela risque d’être un peu différent. On va nous faire jouer un certain nombre de matches du Top 14 en plein Tournoi des Six Nations. Nous serons donc privés de nos internationaux. Peut-être que des joueurs comme De Villiers ou Dominici auront arrêtés, je n’en sais rien. Le problème, c’est jusqu’au 27 octobre – date de reprise du Top 14 – on ne joue pas.

Dans le football, il y a régulièrement des bras de fer entre les clubs et la Fédération au sujet de la mise à disposition des internationaux, vous rencontrez les mêmes problèmes dans votre sport ?
Oui. Moi je suis partisan d’une refonte du calendrier mondial. Je crois d’ailleurs qu’une réunion est prévue au mois de novembre. Ca me semble évident que les clubs ne jouent pas quand les internationaux sont appelés en sélection. Jusqu’à preuve du contraire, ce sont quand même les clubs qui paient les joueurs. Je ne remets pas en cause l’existence d’équipe nationale, surtout quand on voit l’engouement actuel autour du XV de France on ne peut que s’en féliciter, mais le système doit évoluer. Quand des internationaux sont convoqués, c’est à la Fédération de les prendre en charge. Vous vous imaginez, on salarie des athlètes qui font autre chose. Il y a des compensations financières mais elles ne couvrent pas les salaires.

Revenons au terrain, la défaite du XV de France face à l’Argentine vous a surprise ?
J’ai passé un mauvais week-end. J’avais les boules. Je savais aussi que les Argentins étaient capables de tout. Cinq Pumas évoluaient au Stade Français la saison dernière. L’équipe nationale est sacrée pour eux. Peut-être que les matches de préparation ont donné trop de confiance aux Bleus et nous ont aveuglé. On a vu ensuite face aux Américains et à l’Afrique du Sud que l’Angleterre n’était plus une terreur. Les Français se sont sans doute vus trop beaux. Ce sont que des hommes après tout. A force de lire les journaux, on finit par croire ce qu’on y lit. (…) Quand on regarde bien, l’échec face à l’Argentine tient à peu de chose en vérité. C’est une interception qui fait basculer le match. Je peux vous dire que Pieter de Villiers était très énervé après la rencontre.

A propos d’Argentin, Juan-Martin Hernandez sera-t-il toujours parisien la saison prochaine ?
Je n’en sais rien. A priori, il a encore deux ans de contrat. Moi, je n’oblige jamais un joueur à rester contre son gré si il veut partir pour des raisons valables. Ce n’est pas ma conception du rugby. Quand il est arrivé chez nous il y a quatre ans, personne ne le connaissait. Si un club anglais veut le recruter, nous demanderons alors une indemnité de formation. Le problème, c’est qu’aujourd’hui que je ne suis pas convaincu que les Britanniques soient prêts à mettre la main à la poche.

On se souvient qu’il y a quelques mois vous aviez critiqué le Comité d’organisation du Mondial. Globalement, comment jugez-vous ces dix premiers jours ?
A l’époque, j’étais assez sceptique sur la communication autour de l’événement. Je trouve que depuis que TF1 est rentrée en jeu, ça a changé la donne. Ils ont mis de gros moyens pour créer l’engouement autour du Mondial.
S’agissant des stades, on s’aperçoit que tous les matches se déroulant en France se jouent à guichets fermés. Même des petites affiches.

Vous qui avez amené les pom-pom girls et les karaokés géants dans les stades, que pensez-vous des animations au Mondial ?
Moi j’arrive juste avant le coup d’envoi des matches, je n’ai pas le temps de voir. Mais je vous promets que je serais attentif lors des prochains matches (il rigole).

Vous avez rendu ce sport plus glamour et moderne, vous avez élargi son public. Vous comprenez les craintes des puristes qui regrettent qu’il y ait tant d’argent dans le rugby ?
Le rugby a voulu devenir professionnel. Moi je n’étais pas forcément favorable à cette évolution. Une fois que le choix a été fait, il a bien fallu prendre le train en marche. Pourquoi ? On paie les joueurs pour qu’ils se consacrent exclusivement à sa pratique. Il faut des moyens. On entre dans une logique financière. Maintenant une fois qu’on a dit cela, la star, ça doit rester l’équipe. Contrairement au football où l’on valorise l’exploit individuel, l’équipe et le club ont toujours été prioritaires en rugby. Sans les 14 autres, un joueur n’est rien quelque soit son talent.

Justement, en 2003, les medias avaient créé le phénomène Michalak, rebelote cette année avec la « Chabalmania », ça vous agace ?
Sébastien Chabal a des qualités sportives, c’est indéniable. Mais la question que je pose est de savoir s’il serait aussi populaire avec un autre look, des cheveux courts et sans barbe. Attention, je ne dis pas que tout est fabriqué. Simplement, je sais par expérience que le public aime les joueurs qui sortent de l’ordinaire.

Les rugbymen sont-ils encore des mecs comme les autres ?
Grâce à Dieu oui. En tout cas chez les joueurs français. Ils ne pensent pas qu’à la thune. Cette année, une de nos recrues s’appelle Pascal Papé, un des oubliés de Bernard Laporte pour le Mondial. Honnêtement, c’est lui qui a demandé à venir. Moi je n’étais pas très chaud. Et en fait, j’ai découvert un type avec un état d’esprit formidable. Pour rejoindre le club, il a consenti à baisser son salaire de 30%. Vous imaginez. Il a quand même été capitaine des Bleus deux fois. L’international italien Sergio Parisse a préféré rester alors qu’il était courtisé par des clubs anglais qui lui proposaient un pont d’or.

Avant on parlait peu de transferts en rugby. L’arrivée massive de stars de l’Hemisphère Sud, payés à prix d’or, en France après le Mondial ne vous inquiète pas ?
Ca concerne essentiellement quelque club de 2e division – Toulon et le Metro-Racing – qui ont envie d’exister très vite. Les joueurs australiens, néo-zélandais et sud-africains qui ont signé dans ces équipes n’y vont pas pour le projet sportif. La plupart n’ont plus 20 ans. Ce qui les motive, c’est la couleur de l’argent. Au Stade Français, ça ne sera jamais notre politique. D’abord on a pas les moyens, ensuite on préfère miser sur des jeunes en devenir éligibles un jour en équipe de France. Je milite dans ce sens. Les stars étrangères qui veulent prendre une retraite dorée dans notre championnat ne nous intéressent pas.

Les grands patrons se passionnent pour le rugby. On a vu durant les présidentielles de nombreux joueurs et Bernard Laporte soutenir Nicolas Sarkozy, alors le rugby est-il un sport de droite et de gauche ?
C’est partagé à l’image de la société. J’ai des amis dans les deux camps : Fabien Galthié qui a des convictions à gauche, le maire de Paris Bertrand Delanoë, Bernard Laporte, le futur secrétaire d’Etat au sport, Nicolas Sarkozy qui est supporter du Stade Français.
Pour revenir à votre question, historiquement, le rugby s’est davantage implanté en France dans le Sud-Ouest pour des raisons socio-culturelles. L’église déconseillait la pratique du rugby car il était considéré comme un sport sale en raison des contacts. Le Sud-Ouest, bastion radical-socialiste et laïque se moquait de ces considérations. C’est une des explications.

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